François Legault et le déclin du français

26 août 2022

Le déclin du français vient d’être reconfirmé par Statistique Canada. Les chiffres démontrent une baisse importante depuis cinq ans et M. Legault a une grande part de responsabilité dans cette situation. Rappelons quelques faits.

Le plus récent événement est la réunion des premiers ministres (PM) qui s’est tenue les 11 et 12 juillet derniers dans le cadre du Conseil de la fédération. Il aurait été pertinent que M. Legault porte le sujet de la Loi 96 à l’ordre du jour de la réunion des PM. Celle-ci est contestée au Canada anglais et aussi par le gouvernement fédéral. C’est sa propre Loi 96 que M. Legault aurait dû défendre. C’était une opportunité d’expliquer l’initiative et d’en discuter avec les représentants du Canada anglais.

Dans le cadre de cette réunion des PM canadiens, M. Legault aurait dû demander que soit instauré un système de traduction simultané comme il en existe un au Parlement canadien. M. Legault aurait pu parler en français durant les deux jours de la réunion et ainsi montrer que le français est la langue officielle du Québec. Qui aurait pu s’opposer à cette demande puisque le français est l’une des deux langues officielles du Canada ? Est-ce que M. Legault aurait bénéficié du même accueil par les autres PM canadiens ?

Rappelons aussi que M. Legault avait envoyé son ministre responsable de la Loi 96, M. Simon Jolin-Barrette, à Paris en juin dernier. Le représentant de M. Legault est allé déclarer aux Français de l’Académie française que le français est menacé. Il y a là deux incohérences : d’une part, aller déclarer l’importance du français aux Français et d’autre part, avoir le premier ministre du Québec incapable d’en témoigner dans son propre pays, le « Canada bilingue » !

Il est pertinent de rappeler certains éléments passés dont la plupart sont aujourd’hui oubliés. En 2011, il y avait un certain vide politique au Québec : Jean Charest était un premier ministre contesté par la population et madame Marois était contestée dans son propre parti par ses députés. C’est dans ce contexte qu’est apparu François Legault. Ex-souverainiste, il s’engageait à reporter tout référendum pour dix ans parce que les Québécois étaient « ailleurs ». Pourtant, il s’engageait aussi à faire du français une priorité. Plus de dix ans plus tard, le français poursuit son déclin.

Rappelons aussi que M. Legault avait eu, depuis ses engagements de 2011, sept ans pour se trouver un véritable leader du français. Après son élection de 2018, M. Legault avait nommé Nathalie Roy ministre responsable de la langue française. Il réalisa rapidement qu’il avait commis une erreur et qu’elle n’en avait pas les capacités ; il la remplaça par Simon Jolin-Barrette, un ministre déjà débordé.

Il est également bon de rappeler qu’en décembre 2020, dans la préparation de son projet de loi 96, M. Jolin-Barrette avait déclaré publiquement qu’il réfléchissait à interdire l’accès des non-anglophones aux cégeps anglophones. Le même jour et deux heures plus tard, M. Legault le désavoue sur la place publique. M. Legault a depuis laissé l’accès aux cégeps anglophones aux non-anglophones. C’est une stratégie pour conserver une partie de sa clientèle électorale. La Loi 96, nettement insuffisante pour freiner le déclin du français, est la loi de M. Legault, et non celle de son ministre.

Le français est menacé. M. Legault y a fait référence en évoquant une éventuelle « louisianisation » du Québec. M. Legault a eu quatre ans pour démontrer que le français était une de ses priorités. Les résultats de Statistique Canada sur le déclin du français devraient rappeler à M. Legault ses engagements de 2011.

 

André Besner, ex-candidat de la CAQ.

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