La formation professionnelle au secondaire. Un bar ouvert à l’anglicisation

20 novembre 2023

Saviez-vous qu’au Québec, la formation professionnelle (FP) échappe entièrement aux dispositions de la loi 101 en matière de langue des études secondaires? Dénoncée depuis toujours par le Mouvement Québec français (MQF), cette brèche est devenue au fil du temps un véritable bar ouvert à l’anglicisation des allophones dans la région métropolitaine, y compris dans le réseau scolaire de langue française. C’est ce qu’a récemment démontré le chercheur Frédéric Lacroix dans un article accablant, intitulé « Un trou béant dans les clauses scolaires de la loi 101 ».

Le président du MQF, Maxime Laporte, a déclaré : « Mais, qu’attendent donc nos grands “nationalistes” à Québec pour colmater cette brèche injustifiable? Que Montréal ait achevé de se “louisianiser”, peut-être? »

En 2021 à Montréal, 39,3% des allophones à la FP étudiaient en anglais dans les CS et CSS

En 2021, 39,3% des étudiants allophones inscrits à la formation professionnelle (FP) dans les commissions scolaires (CS) et centres de services scolaires (CSS) de l’île de Montréal étudiaient dans la langue de Lord Durham. Au Québec en général, cette proportion était de 35,5%. En nombres absolus, on parle ici de près de 10 000 allophones, seulement pour l’année 2021. Et encore, ces données n’incluent pas la clientèle des établissements non subventionnés qui, comme on le sait, sont de plus en plus nombreux à offrir des programmes de formation en anglais.

Par ailleurs, depuis 2013, la majorité des étudiants à la formation professionnelle en anglais au Québec sont des allophones, et non plus des anglophones. Ainsi, en 2021, pas moins de 63,4% des inscrits à la FP en anglais au Québec n’avaient ni l’anglais ni le français comme langue maternelle.

Commissions scolaires (CS) anglaises

Dans les commissions scolaires de langue anglaise, ce sont en tout 131 842 allophones qui, entre 2002 et 2021, ont appris leur métier en anglais, soit 57,8% de la clientèle. Au cours de cette période, le nombre d’allophones a d’ailleurs quadruplé dans ces programmes, passant de 2 380 à 9 654 par année scolaire. Rien qu’à la CS English-Montréal, où la proportion d’allophones inscrits à la FP atteignait 81,2% en 2021, 84 938 ont été formés en anglais en 20 ans. « Loin de se consacrer uniquement au service de la communauté québécoise d’expression anglaise, comme cela devrait être le cas, les établissements de la communauté québécoise d’expression anglaise sont, en réalité, de puissants vecteurs d’anglicisation et d’anglo-socialisation des Québécois allophones. Dans le secteur de la formation professionnelle, c’est même devenu la principale activité des CS anglaises à Montréal, pour ne pas dire une spécialité », a affirmé M. Laporte.

Centres de services scolaires (CSS) français

Mais, ce n’est pas tout, puisque même dans le réseau de langue française, on ne se gêne pas pour offrir des formations professionnelles en anglais, chose qui ne devrait pas exister. Quoique peu populaires, ces programmes ont attiré, mine de rien, 9 670 étudiants entre 2002 et 2021… Comble de l’absurdité, les allophones et les francophones ont d’ailleurs été plus nombreux que leurs camarades anglophones à recevoir une formation professionnelle en anglais dans les CSS français pendant cette période (5 429 contre 4 241).

Conclusion. Quand « libre-choix » rime avec suicide

« Dans une société linguistiquement normale, tout cela serait impensable. Or, le Québec français n’a-t-il pas droit, lui aussi, à la normalité? Plus fondamentalement, n’a-t-il pas droit à un avenir? »

« En matière de langue des études, l’avenir du Québec français passe, entre autres, par l’application de la loi 101 à la formation professionnelle, l’application de la loi 101 au cégep et le redressement de l’incomplétude institutionnelle et économique de la francosphère par rapport à l’anglosphère, notamment à l’université. Il faut en finir avec la religion du libre-choix subventionné, qui nous mène tout droit vers l’abîme. Allez, Messieurs Legault et Roberge! On se “réveille”… », a conclu M. Laporte.

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Pour renseignement et demande d’entrevue

Louis-Philippe Dubois, directeur général. Coordonnées : 514 916-2489, lpdubois@quebecfrancais.org

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Échos médiatiques et politiques

Cliquez ici pour lire l’article du Devoir couvrant notre sortie, par Jean-Louis Bordeleau (avec mention en une). De tous les articles publiés par le Devoir au matin du 20 novembre, celui-ci était le plus lu.

Motion du Parti Québécois refusée par la CAQ, 21 novembre 2023 (Pascal Bérubé, passé 15 h 01).

Texte du Devoir sur la motion refusée, 22 novembre 2023.

Éditorial de Marie-Andrée Chouinard du 22 novembre 2023.

Le gouvernement Legault disposé à colmater la brèche? Les plaques tectoniques commenceraient-elles à bouger? Compte-rendu par La Presse canadienne (ici via Radio-Canada, 22 novembre 2023).

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