LE FRANÇAIS, AU-DELÀ DES LOVE-IN

23 juin 2022

24 déclarations d’amour à la langue française, Le Journal de Montréal, 23 juin 2022

Au Québec, tout le monde dit «aimer» le français, à différents degrés. C’est presque un lieu commun.

Même parmi les plus fervents haïsseurs de notre loi 101, il s’en trouve encore pour s’autoproclamer «francophiles»…

Mais alors, que peut bien signifier l’«amour», le vrai, si ce n’est tout d’abord une grande responsabilité, comme dirait le poète?

Aimer autrui, n’est-ce pas, au minimum, vouloir son bien?

Mieux : c’est y veiller.

Or, on ne peut, en même temps, «aimer» le français et, pourtant, acquiescer à son dépérissement. On ne peut, du même souffle, prôner son salut, mais rejeter les mesures qui, dans notre contexte politique bien particulier, s’imposent à cette fin.

De nos jours, nul ne saurait minimiser le défi herculéen que représente le combat contre l’anglicisation de notre métropole et de ses banlieues. La gravité de la situation fait que notre langue ne peut plus se satisfaire d’un amour en paroles, d’un amour en bla-bla. Elle en a soupé, notre chère langue française, des love-in rituels, et sans lendemain, que d’aucuns lui réservent en certaines occasions, comme pour se donner des airs de patriotes…

Plus que jamais, le français réclame de notre part un amour en actes.

Quelle en serait la meilleure preuve?

Eh bien, que nos élus au pouvoir se montrent véritablement à la hauteur de leur responsabilité élémentaire à cet égard. Cette responsabilité, cette obligation de résultat qui leur incombe consiste à garantir, pour la suite du monde, ne serait-ce que le maintien de la vitalité observable du français par rapport à l’anglais au Québec ou, préférablement, à susciter sa croissance.

Pour y arriver, il n’y a pas mille solutions. Il s’agit d’aménager ici un environnement linguistique qui soit à peu près normal – c’est-à-dire qui soit digne d’une société normale… Sachant que «dans une société normale, dixit René Lévesque, elle se parle toute seule, la langue.»

Tel était bien le but poursuivi par la loi 101 des origines ; la normalité. Hélas, Ottawa en décida autrement. Armé de son arsenal judiciaire et constitutionnel, le «kænədə» n’aura eu de cesse, depuis 1977, de torpiller le monument législatif du docteur Laurin. Au diable, donc, l’espoir d’une vie normale pour le français à l’intérieur du carcan fédéral.

Au référendum de 1995, 49,42 % des votants optèrent, avec une bonne dose d’amour, pour que le Québec s’extirpe une fois pour toutes de ce carcan, en vue d’accéder à la vraie normalité. Celle des nations libres. Chez les francophones – de naissance comme d’adoption –, pas moins de six sur dix s’exprimèrent en ce sens.

Depuis lors, la question nationale parut entrer en hibernation, non sans que notre langue en pâtisse. Mais, dernièrement, plusieurs signaux laissent penser que l’hiver tire à sa fin.

Il serait plus que temps.

Dans cette perspective, et à la veille de notre fête nationale, j’aimerais donc nous inviter, tous et toutes, à méditer un instant sur le devenir de ce Québec et de cette langue que nous aimons tant.

Il n’en coûte rien.

Voulons-nous, oui ou non, aller au bout de cette Histoire d’amour? Au bout de cette responsabilité sacrée dont nous sommes débiteurs envers celles et ceux qui nous succéderont?

Moi, oui.

Maxime Laporte
président du Mouvement Québec français (MQF)

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