Le gouvernement Legault et l’avenir du français au Québec : « Qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre »

13 mai 2021

Afin que la réforme attendue de la loi 101 soit autre chose qu’un coup d’épée dans l’eau, le Mouvement Québec français (MQF), par la voix de son président Maxime Laporte, met au défi le gouvernement du Québec de faire état, dès maintenant, d’objectifs clairs en matière de protection de la langue française, c’est-à-dire de cibles mesurables dans l’espace et dans le temps. Comme disait Sun Tzu, « qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre ».

« Contrairement par exemple aux cibles établies en matière de lutte aux changements climatiques, c’est comme si sur l’enjeu précis du statut et du poids du français au Québec, on naviguait invariablement à l’aveugle, sans cap précis, dans un océan de « bonne intentions » et de vœux pieux… On fait des remue-méninges, on discute des mesures à adopter, on multiplie les plans d’action, les programmes de valorisation du français, bref on fait rouler les moteurs du bateau, on fait de la broue, on fait des vagues – électoralisme oblige, mais sans itinéraire convaincant, et sans jamais vraiment savoir où on va. Des discours de nos dirigeants, il ne se dégage, règle générale, aucune orientation claire, aucune vision cohérente et rigoureuse de ce que devrait être le Québec français dans l’avenir. »

Objectif 2026 : la fin de la régression

« Le moindre de ces objectifs, mesurables et quantifiables, voudrait qu’à compter de la présente décennie, la vitalité démographique globale du français comme langue d’usage cesse de régresser au profit de l’anglais, ou mieux encore, qu’elle croisse. Ainsi, au recensement de 2026, le poids du français au Québec (tous les indicateurs étant concernés, car tous sont au rouge) devrait, au strict minimum, se trouver au même niveau qu’il l’était dix ans plus tôt, au recensement de 2016, voire augmenter de quelques points de pourcentage. »

« Une telle cible n’a certes rien d’arbitraire. Moralement, nos dirigeants n’ont pas le droit de se faire les complices, par négligence ou autrement, de l’érosion de notre langue nationale ni de sa déchéance de statut, qui va en s’empirant chaque jour qui passe. «

En matière de langue, l’électorat québécois n’a plus le loisir de pardonner

« À l’évidence, le Québec français se trouve aujourd’hui à un carrefour historique. Et l’on sait bien qu’une réforme linguistique majeure comme celle que nous proposera (bientôt ?) le ministre Jolin-Barrette, cela ne survient peut-être qu’une fois par génération, tout au plus. Autant dire que cette réforme tant attendue se révélera peut-être la réforme de la dernière chance ; notre ultime tentative d’inverser la tendance, avant que la dynamique des langues au Québec et surtout à Montréal ne bascule pour de bon en défaveur du français. »

 « La gravité de la situation ne nous permet plus de pardonner aux naufrageurs ; loisir auquel nous nous sommes déjà passablement trop adonnés par le passé, hélas. Ainsi, faute pour le gouvernement caquiste de prendre tous les moyens légitimes et nécessaires (et forcément très costauds) afin d’atteindre cette cible ô combien minimale, nous, Québécoises et Québécois, devront en tirer les conclusions politiques qui s’imposent. »

L’échec de Legault à garantir l’avenir du français marquera aussi l’échec définitif du fédéralisme

« Au premier chef, un tel échec objectif marquerait ni plus ni moins la faillite morale définitive du fédéralisme à la québécoise – fût-il « nationaliste », car cela confirmerait une fois de plus l’impuissance du Québec français ne serait-ce qu’à se maintenir dans son existence tant et aussi longtemps qu’il restera à l’intérieur du carcan constitutionnel actuel. En effet, comment peut-on se dire à la fois fédéraliste et nationaliste, si le fédéralisme tue la nation, et sachant que le Canada concourt déjà à la disparition du français d’un océan à l’autre ? »

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