Les Laurentides s’anglicisent lentement, mais sûrement

02 août 2010

Les Laurentides s’anglicisent lentement, mais sûrement

Josiane Yelle, 2 août 2010.

La langue anglaise possède désormais une vitalité près de quatre fois supérieure à celle du français dans la région des Laurentides. C’est ce que révèle le bilan du Mouvement Laurentides français qui s’appuie sur l’indice de vitalité linguistique (IVL) recueilli de 2001 à 2006.

L’IVL permet de calculer le pouvoir d’attraction d’une langue en divisant son nombre de locuteurs de langue d’usage par son nombre de locuteurs de langue maternelle. Il permet de calculer les transferts linguistiques poussant un certain nombre d’individus à utiliser, dans leur quotidien, une langue autre que leur langue maternelle.

Même si la croissance de la langue maternelle française est supérieure à celle de l’anglais, il faut regarder du côté de l’IVL pour comprendre de quelle façon l’anglais prend de l’ampleur. En effet, alors que la population de langue maternelle anglaise n’a crû que de 4,4 % de 2001 à 2006, la population ayant comme langue d’usage l’anglais a augmenté, quant à elle, de près de 8,5 %.

Basses-Laurentides

Si ces derniers pourcentages ne semblent pas si élevés, il faut aller du côté de Blainville et de Sainte-Anne-des-Plaines, où la croissance des locuteurs de langue d’usage anglaise augmente très rapidement. En effet, en l’espace de cinq ans, ces deux municipalités ont connu une augmentation de leurs anglophones de langue d’usage de près de 47 %.

Par ailleurs, la croissance de l’indice de vitalité linguistique de l’anglais est anormalement élevé à Blainville, Boisbriand et Rosemère, où les données indiquent une vitalité entre 6 et 36 fois supérieure à celle du français. La Ville de Sainte-Anne-des-Plaines atteint toutefois un sommet avec une croissance de l’indice de 45 %.

Un danger sournois

Pour Maurice Dumas, initiateur et actuel président du Mouvement Laurentides français, qui a vu le jour en janvier dernier, le danger n’est pas encore nécessairement très visible, mais il s’agit toutefois d’un danger sournois. «Quand on regarde l’affichage, on sent qu’on est tentés d’aller vers l’anglais et qu’il y a un attrait particulier, explique celui-ci. C’est certain que la situation des Laurentides n’est pas celle de Laval – elle est la ville qui s’anglicise le plus dans la province -, mais il ne faut justement pas attendre d’être rendus là pour bouger», précise M. Dumas, indiquant que le mouvement agit surtout à titre de chien de garde, du moins, pour le moment.

À propos de la Ville de Blainville, qui est l’une des municipalités des Laurentides qui connaît une importante croissance des locuteurs de langue d’usage anglaise, M. Dumas ne semble pas surpris. «Il ne faut pas oublier que la banlieue subit nécessairement l’influence de la métropole.» Et la situation est d’autant plus vraie, lorsque l’on constate l’ampleur du mouvement migratoire de la métropole vers la Couronne nord.

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