Lettre à Valérie Plante. Pour un Conseil montréalais de la langue française – Mathieu Roy

31 octobre 2024

C’est avec plaisir que nous relayons ce texte d’un collaborateur de longue date du MQF, monsieur Mathieu Roy, étudiant au doctorat en histoire. (Une autre version de cette lettre ouverte est parue dans La Presse+ ce matin.)

Comment la Ville de Montréal peut contribuer au renforcement du français, langue commune

Avec le dépôt du Rapport de recommandations sur la langue française du Comité sur la langue française de la Ville, présidé par Louise Harel, la mairesse Valérie Plante a une occasion unique de poser des gestes rassembleurs et durables dans les champs de compétence de la Ville pour faire de Montréal la véritable métropole francophone des Amériques.

À cet effet, soulignons d’abord le sérieux de la démarche. La volonté du rapport de s’insérer dans la francophonie internationale afin de permettre le rayonnement économique et culturel de Montréal, de considérer notre langue comme un dossier transversal afin d’établir des partenariats avec la société civile et de remettre au premier plan non pas une culture montréalaise, mais bien la culture nationale, sont des propositions plus que bienvenues.

Parmi les recommandations phares du rapport, soulignons l’excellente idée de créer un Bureau de la langue française et de la francophonie, qui serait doté des mêmes pouvoirs et ressources que le Bureau de la commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques.

On peut d’ailleurs se demander pourquoi ce n’était pas déjà le cas. Le rapport propose également de modifier le plan stratégique de la Ville Montréal 2030 afin de faire de la défense et de la promotion du français comme langue commune une priorité. De plus, il invite à financer davantage les festivités de la Fête nationale et d’utiliser les infrastructures culturelles de la Ville, comme les bibliothèques et les maisons de la culture, afin de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants en français à la société québécoise.

Pour qu’on réussisse collectivement à améliorer la situation du français à Montréal, l’administration Plante devra donner suite à ces recommandations et les mettre en œuvre. Les élus, s’ils ont réellement à cœur le français, devront s’assurer d’une application de ces mesures et d’un suivi étroit de ces propositions avec les partenaires de la société civile [dont le MQF], qui devraient être impliqués dans ce processus. De même, il faudra un échéancier clair afin que la campagne électorale municipale prévue pour l’automne 2025 ne serve pas de prétexte au report des recommandations.

Pour un Conseil montréalais de la langue française

Tout en saluant les mesures du comité, il est impérieux de rappeler que l’engagement de la Ville de mettre en place un Conseil montréalais de la langue française, soit un organe consultatif composé de citoyens, doit être traduit en action. Rappelons que cet engagement a été pris à l’unanimité au conseil municipal en juin 2021 par l’entremise d’une motion, à la suite d’une pétition signée par plus de 18 000 Montréalais et Montréalaises.

Un Conseil montréalais de la langue française viendrait compléter les recommandations faites par le comité Harel, notamment celle concernant l’établissement d’un Bureau de la langue française et de la francophonie, davantage axé sur l’administration.

Un Conseil assurerait une concertation permanente des acteurs, le dépôt de propositions annuelles pour suivre l’évolution de l’état du français, l’élargissement du champ de réflexion sur la langue dans les différentes compétences de la Ville et la réalisation d’études ciblées pour avoir une meilleure idée des dynamiques linguistiques en contexte montréalais. En ce sens, le Conseil s’avère essentiel pour assurer une participation et une discussion citoyenne de qualité adaptée à Montréal. Il faudra lui conférer un mandat clair et fort pour que sa mission ne se dilue pas au fil du temps.

La création d’un Conseil montréalais de la langue française n’a donc rien de cosmétique. Tout comme le Conseil des Montréalaises, le Conseil des jeunes ou le Conseil interculturel, un Conseil de la langue française permettrait de conseiller l’administration à l’aide d’études, d’avis et de recommandations auprès des élus réunis au conseil municipal. Il en va de la démocratie, mais également de la pérennisation des discussions sur la valorisation du français à Montréal. Chose certaine, après plus de deux ans de réflexions et un rapport aussi solide que celui du Comité sur la langue française entre les mains, l’administration Plante a désormais tout en main pour agir.

 

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