Voici reproduites deux récentes lettres ouvertes en faveur de la loi 101 au cégep. Bravo et merci aux auteurs!
N’hésitez pas, vous aussi, à prendre la plume pour envoyer un message à nos dirigeants politiques!
M. Robert COMEAU, professeur d’histoire, dans Le Devoir du 17 août 2024 :
Protégeons l’avenir de la langue, exigeons le cégep en français
Monsieur Brian Myles, directeur, Madame Marie-Andrée Chouinard, rédactrice en chef,
Merci d’accorder un long éditorial, le 10 août, au rappel de la préoccupation de la langue française au Québec exprimée lors de l’adoption de la loi faisant du français la langue officielle en juillet 1974 et de l’adoption de la loi 101 en août 1977. Mais ma déception fut grande en constatant que vous vous limitiez à souligner « la brèche qui permet de choisir librement la formation professionnelle au secondaire en anglais » sans oser mentionner l’anomalie aussi sérieuse encore des Québécois francophones et des immigrants qui choisissent d’entreprendre des études en anglais au cégep quasiment sans contrainte. Pourquoi écarter sans discussion la position de celles et ceux qui s’appuient sur des études scientifiques pour démontrer que l’enseignement au collégial devrait être obligatoirement en français, sauf pour la minorité historique anglophone, mesure structurante nécessaire ? Et parler de « souveraineté culturelle » tout en refusant la souveraineté politique est une imposture. C’est ce que Bourassa tentait de nous faire croire possible !
Pour établir un système scolaire public normal en français, encore faut-il une volonté politique qui exige courage et détermination pour rétablir ce qui devrait être fait depuis longtemps. Pourquoi ce déni du problème que la CAQ n’a pas réglé ?
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M. Jessy GAREAU, étudiant à l’UQAT, dans le Journal de Montréal, édition du 11 juin 2024 :
Appliquer la loi 101 au cégep, une nécessité pour la survie du français
Selon le dernier rapport de l’Office québécois de la langue française, l’utilisation du français au travail a connu une croissance entre 1971 et 1989 au Québec. Cependant, «[après] 1989, cette tendance s’est inversée puisque cette proportion a baissé de 7 points de pourcentage, s’établissant à 66% en 2023. Ce niveau se rapproche de celui de 1971» (p. 77).
Ainsi, la situation du français comme langue de travail dans le seul État francophone d’Amérique du Nord est en train de redevenir celle qui prévalait avant l’adoption de la Charte de la langue française.
Il s’agit d’un recul considérable qui doit être freiné. La responsabilité de renverser le déclin du français au Québec revient au ministre de la Langue française et au premier ministre québécois.
Par conséquent, je leur demande d’appliquer les clauses scolaires de la loi 101 qui prévalent aux réseaux primaire et secondaire au réseau collégial, et ce, pour deux raisons.
Langue utilisée au travail
D’abord, il est démontré qu’il «existe au Québec une association statistique entre la langue dans laquelle un individu a étudié pour l’obtention de son plus haut diplôme d’études postsecondaires et la langue qu’il utilise principalement au travail» (p. 81).
À preuve, en 2016, 23% des personnes de langue maternelle française qui ont obtenu leur plus haut diplôme d’un établissement anglophone travaillaient principalement en anglais, contre seulement 4% pour ceux qui l’ont obtenu dans un établissement francophone.
Pour les personnes dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français, 46% travaillent principalement en anglais après avoir obtenu leur diplôme d’un établissement anglophone, soit environ six fois plus que ceux diplômés d’un établissement francophone.
Levier d’action
Puis, l’autre raison qui explique que nous devons appliquer la loi 101 au cégep est le fait que l’institution collégiale constitue le seul levier d’action que l’État québécois possède, dans la fédération canadienne, permettant de renverser le déclin du français. Il n’en possède pas d’autres.
L’obtention de la citoyenneté relève du gouvernement fédéral. Une large part des pouvoirs en immigration et en culture relève d’un gouvernement composé à majorité d’anglophones, ce qui laisse peu d’outils au seul État francophone de toute l’Amérique du Nord pour défendre son héritage linguistique.
Par conséquent, l’application de la loi 101 au réseau collégial constitue un incontournable outil permettant de renverser la chute du français comme langue commune des Québécois et d’empêcher le retour à la situation qui prévalait avant l’adoption de la loi 101 en 1977.
Alors, monsieur le premier ministre, je vous conjure d’appliquer la loi 101 au cégep, il en va de la survie linguistique de notre peuple.