Retour sur un article de la journaliste Marie Allard dans La Presse paru le 3 septembre 2009, « Les Francophones manquent à l’appel ».
Dans cet article, on y apprend que, pour la première fois dans l’histoire du Québec, le nombre d’élèves allophones surpasse celui des francophones (Québécois de souche et immigrants francophones compris) dans les écoles publiques de l’île de Montréal. Ces faits sont publiés grâce au chercheur Dominique Sévigny, auteur d’une recherche intitulée Portrait socioculturel des élèves inscrits dans les écoles publiques de l’île de Montréal, paru le 30 septembre 2008. L’auteur n’hésite pas à dire que la « majorité s’est comme inversé » et qu’il s’agit « d’une tendance lourde, qui devrait se poursuivre à moins qu’il arrive quelque chose de majeur au niveau de l’immigration ».
L’assimilation des jeunes immigrants issus de l’immigration massive est non seulement devenue impossible, mais elle s’est même inversée, mettant tout le poids de l’intégration sur le dos des professeurs et du peu de jeunes Québécois de souche dans les écoles. Il faut souligner également le fait que les jeunes veulent souvent s’intégrer plutôt que se démarquer de leurs camarades de classe et que le poids du nombre risque plutôt de faire en sorte que les jeunes Québécois dans ces écoles en ressortent avec des influences et accents provenant de la majorité immigrante. Dans plus de soixante écoles, les étrangers sont majoritaires : à titre d’exemple, l’école pavillon Hébert, dans l’arrondissement Saint-Laurent, compte 100% d’élèves étrangers, aucun Québécois! Un total de 59 écoles de l’île comptent 75% ou plus d’élèves «issus d’autres cultures», 10 de plus qu’en 2007. Or, des effets négatifs peuvent apparaître quand la concentration ethnique est très forte, atteignant ce seuil de 75%, selon Marie McAndrew, professeure à l’Université de Montréal.
On y apprend également qu’en 2008, à peine 39% des élèves des écoles primaires et secondaires étaient de langue maternelle française, et « ce taux chute graduellement, au moins depuis 1998 », nous fait remarquer M. Sévigny. Les élèves allophones, eux, sont en constante augmentation et ils représentent maintenant plus de 39,5%. Pour leur part, les anglophones stagnent à 22%, en incluant les écoles anglaises.
La cause de cette nouvelle réalité est simple : la constante augmentation de l’immigration depuis de nombreuses années. Près de 38 000 élèves des écoles de l’île étaient nés à l’étranger en 2008, soit 5 000 de plus qu’en 2005. Ils forment désormais 20,63% de la population scolaire – du jamais vu. Cette situation met également un poids considérable sur l’enseignement, puisque les élèves en question ont souvent besoin d’un rattrapage linguistique qui ralentit l’apprentissage des autres élèves, en plus de mettre du travail supplémentaire sur le dos des professeurs, qui ont déjà un nombre d’élèves trop élevé dans la région montréalaise.
Moins de 40% des élèves étaient nés au Québec, comme leurs deux parents. Les autres étaient nés au Québec de deux parents nés à l’étranger (23,1%, taux qui plafonne depuis 2005), nés au Québec dont un parent est né à l’étranger (9,9%) ou nés ailleurs au Canada ou dont les deux parents sont nés ailleurs au Canada (2,4%).
Un danger pour la sécurité et la cohésion sociale
La forte concentration ethnique dans les écoles et dans les quartiers de Montréal a un effet négatif sur la cohésion sociale, note M. Sévigny. « Malheureusement plus l’immigration de sa famille est récente, plus un élève est susceptible de résider dans une zone défavorisée. C’est le cas de 46,1% des élèves nés à l’étranger. »
Cette affirmation est confirmée par d’autres chercheurs comme Michael Toye, de la division des affaires politiques et sociales du gouvernement du Canada. Michael Toye nous fait remarquer que « de nouvelles études (1) provenant des États-Unis laissent entendre que les résidants de toutes races habitant des quartiers qui présentent une grande diversité ethnique ont tendance à se replier sur eux. La confiance (même dans sa propre race) baisse, l’altruisme et la coopération communautaires se font plus rares et l’on se fait moins d’amis ». Nous osons ici faire un parallèle avec la sous-culture urbaine hip-hop, qui valorise l’individualisme, la criminalité, l’argent et des comportements violents et antisociaux.
Jeffrey G. Reitz et Rupa Bannerjee, de l’Université de Toronto, signalent « qu’au Canada, les minorités raciales qui affichent une croissance rapide font l’objet de beaucoup plus d’inégalités que les groupes d’immigrants d’origine européenne traditionnels (2). » Les auteurs font remarquer que les minorités raciales s’intègrent plus lentement à la société canadienne que les immigrants d’origine européenne et ils concluent « que rien n’indique que les politiques actuelles suffisent à combler la fracture raciale évidente dans la société canadienne ».
Ces troubles sociaux et de cohésion dus à une forte concentration d’immigration est également confirmée par des chiffres publiés par la Direction de la santé publique de Montréal-Centre. La recherche menée par Camille Messier nous indique que « les délits contre la personne concernent une forte majorité de garçons haïtiens (78%) et de garçons noirs anglophones (61%), la moitié de garçons latino-américains (50%), 40% de garçons blancs anglophones, le tiers de garçons autochtones (34%) et le quart de garçons blancs francophones (24%) »
Conclusion
Les politiques actuelles d’immigration affectent non seulement la société québécoise, mais créent de graves troubles au sein même des communautés culturelles issues de l’immigration et vont éventuellement créer une poudrière sociale dans la région montréalaise. La régionalisation de l’immigration aura exactement le même effet à long terme sans une diminution drastique des taux d’immigration et aura pour conséquence d’amener des problématiques sociales dans des régions et villes qui n’ont pas les ressources financières adéquates pour y remédier. La seule solution reste donc une baisse radicale des seuils d’immigration et une réorientation du lieu de provenance des immigrants pour favoriser des pays avec une culture et un héritage culturel similaire au nôtre, soit l’Europe.
(1) Robert Putnam, « E Pluribus Unum: Diversity and Community in the Twenty-first Century. The 2006 Johan Skytte Prize Lecture », Scandinavian Political Studies, vol. 30, no 2, 2007.
(2) Jeffrey G. Reitz et Rupa Bannerjee, « Racial Inequality, Social Cohesion and Policy Issues inCanada », dans Belonging? Diversity, Recognition and Shared Citizenship in Canada, éd. Keith Banting, Thomas Courchene et F. Leslie Seidle, Institut de recherche en politiques publiques, Montréal, 2006, p. 38 et 39 [traduction].