Montréal, S.O.S. français

12 juin 2006

SOURCE : MARIE-NOËLLE LEGAULT | LE JOURNAL DE MONTREAL | 12/06/2006

Estimant que le français est en net recul dans la métropole, un groupe de citoyens a lancé hier le Mouvement Montréal français (MMF) pour contrer la montée du bilinguisme.

En lançant cet appel à la mobilisation, le groupe souhaite sensibiliser les Montréalais à l’importance du français comme langue commune.

«Nous voulons inciter les gens à aller rencontrer les nouveaux arrivants et à leur parler en français. S’ils ont accès à tous les services en anglais, pourquoi apprendraient-ils le français?», se demande Mario Beaulieu, porte-parole du MMF.

Le MMF concentrera ses efforts dans la grande région métropolitaine, là où près de 85 % des nouveaux arrivants s’établissent.

Le mouvement souhaite se structurer à l’automne et rassembler en une large coalition les syndicats, partis politiques et autres associations de défense du français. Une tournée des cégeps et universités sera également organisée pour sensibiliser les jeunes.

«Ceux-ci ne connaissent pas le pourquoi et le comment du projet de loi 101, c’est ce que nous voulons leur transmettre», explique le porte-parole.

Doté d’un ambitieux plan d’action, le groupe veut exiger de l’Office de la langue française un meilleur respect de la loi et aussi rallier les syndicats cet hiver autour de la langue de travail.

Faux prétexte

«De plus en plus d’entreprises exigent que leurs employés maîtrisent l’anglais. Nous refusons que la mondialisation serve de prétexte à l’usage de l’anglais», affirme M. Beaulieu, qui base ses affirmations sur de nouvelles études qui notent une régression du français au travail.

Les citoyens impliqués, dont l’écrivain Yves Beauchemin et la députée bloquiste d’Ahuntsic Maria Mourani, souhaitent également que le français redevienne la langue des services publics. Selon M. Beaulieu, si certains arrondissements montréalais bénéficient d’un statut bilingue, d’autres, comme Parc-Extension, offrent plusieurs services en anglais, bien que seulement 5 à 10 % de leur population soit anglophone.

Le MMF se veut non partisan et souhaite réunir autant des souverainistes que des fédéralistes. «Nous recevons des appels de gens qui se disent fédéralistes, mais trouvent que le français régresse à Montréal», dit Mario Beaulieu.

Montréal bilingue

Au Québec, près de 80 % des anglophones vivent dans la région de Montréal.

Selon le dernier recensement, à Montréal, 56 % des gens parlent le français à la maison, contre 61 % en 1986.

En 2001, 36,6 % des allophones utilisaient le français au travail et le même pourcentage utilisait l’anglais.

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