Programmes en anglais: ce n’est que le début

26 mars 2012

Lettre de Frédéric Lacroix publié dans Le Devoir le 26 mars 2012

On sait que HEC Montréal offrira un programme de maîtrise entièrement en anglais à compter de l’automne 2012. Cette annonce, même si elle est emblématique, s’inscrit dans le cadre d’une tendance généralisée à l’anglicisation de l’enseignement supérieur observée dans les dernières années: anglicisation du MBA de l’Université Laval, DEC en aéronautique offert en anglais au cégep Édouard-Montpetit, formation continue et cours de gestion en anglais à l’UQAM, etc. La justification de l’élargissement de l’offre en anglais repose presque toujours sur un argumentaire de type clientéliste, soit le désir d’attirer des étudiants qui seraient rebutés par un enseignement en français afin de hausser la «part de marché» occupée par l’université en question dans un certain créneau. Le financement se calculant par tête de pipe, cette hausse de «parts de marché» se traduit par une hausse des subventions accordées à l’université.

Il est donc ironique de voir les recteurs des universités de langue française accorder leur appui à la hausse des droits de scolarité, eux qui étaient jusqu’à récemment réticents à une telle chose, alors que la baisse potentielle de fréquentation universitaire frappera en premier lieu les universités de langue française. Il faut se rappeler que quand Robert Bourassa avait triplé les droits de scolarité au début des années 1990, les universités de langue française avait vu leurs effectifs fondre de 26 000 étudiants sur cinq ans, alors que les effectifs de McGill, Concordia et Bishop’s n’étaient pas touchés. Pour cette hausse, l’IRIS prévoit une diminution de 6000 étudiants par année. Diminution qui se fera dans le système français. Bref, la hausse actuelle pourrait faire sérieusement diminuer les effectifs étudiants dans les universités de langue française du Québec, qui pourraient alors chercher à pallier la diminution des subventions en anglicisant des programmes d’études.

Bref, la hausse des droits va-t-elle enclencher une course à l’anglicisation des universités de langue française au Québec? C’est à suivre.

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